PICASSO ET LA CÉRAMIQUE
20.07.2021
Chers Papoteurs.ses,
Dans le cadre de notre mois provençal, nous avons voulu vous faire voyager dans le sud de la France ! Région importante pour La Papoterie puisque c’est de là bas que proviennent nos biscuits (pièces de céramique à peindre). Durant tout le mois de juillet vous pourrez trouver à la Papoterie tout ce qui nous rappelle le Sud : Cigales, lavande, pastis, bière marseillaise La Cagole, tapenade du soleil, et bien d’autres surprises… Et c’est également l’occasion de célébrer un grand maître nommé…Picasso ! Car parmi les innombrables œuvres de Picasso on retrouve près de 4000 pièces de céramique créées à Vallauris dans le sud de la France !
Alors voilà un peu d’histoire… En 1946, Picasso visite l’exposition annuelle des potiers de Vallauris, et y rencontre Suzanne et Georges Ramié, propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Picasso, curieux de tout, réalise alors ses premiers essais de céramique à Vallauris. Dans les années qui suivent il décide de se consacrer à cette activité qui lui offre de nouvelles perspectives de création grâce à la plasticité de la terre et la magie de la cuisson au four qui révèle les coloris éclatants de l’émail et la brillance des vernis.
Sa pratique est peu orthodoxe. Picasso sculpteur façonne dans la glaise faunes et nymphes, coule la terre comme on le fait du bronze, décore inlassablement plats et assiettes de ses thèmes favoris (corrida, femme, chouette, chèvre…), utilise les supports les plus imprévus (fragments de pignates, cazettes, matériel d’enfournement ou briques cassées), invente les pâtes blanches qui sont des céramiques non émaillées décorées d’éléments en relief. La céramique n’est nullement pour Picasso un art mineur.
Dans l’atelier Madoura, il utilise les talents du potier Jules Agard pour tourner et cuire les pièces issues de son imagination. Ces créations, fréquemment dessinées au préalable par Picasso, représentent pour Jules Agard des défis techniques. La dimension des pièces, le déséquilibre de leurs assemblages sont à priori incompatibles avec la terre, sa souplesse et sa cuisson. Les réalisations de Jules Agard sont retouchées, toujours fraîches, par Picasso qui déforme une panse ou un col, ajoutant à l’adresse du potier la touche expressive du sculpteur.
Durant une vingtaine d’années, il réalise quatre mille œuvres originales. Selon son souhait, certaines céramiques seront fabriquées à plusieurs exemplaires et Madoura en aura l’exclusivité. Ce faisant, il a voulu que ces céramiques éditées aient un usage quotidien ainsi qu’il s’en ouvrit à André Malraux : « j’ai fait des assiettes, on peut manger dedans ».